Cap le plus au nord ouest de la Thailande,Mae Hong Son avec une descente progressive jusqu'à Mae Sot, régions très montagneuses, en longeant la Birmanie.
Mae Hong Son est un grand bourg à quelques kilomètres de la frontière birmane. La région est particulièrement belle. Je trouve un petit bungalow, toujours dans un jardin magnifique très fleuri.
tout est paisible et reposant, même les grenouilles sont heureuses.....!!!
Ce matin, je loue à nouveau un scooter et part en compagnie avec un jeune couple belge pour une ballade dans autour de Mae Hong Son. Munie d’une carte que nous remet la loueuse de scooter, nous partons ensemble tous les 3 pour vivre une belle journée. Comme nous projetons de faire le même itinéraire, il me propose de les accompagner. Munis de nos casques, en route pour l’aventure.
La loueuse nous a indiqué un petit village Karen Na Pa Paek, aux abords de Mae Hong Son . Bien que j’ai déjà vu ces femmes je souhaite y retourner avec les belges, au fait il s’agit de Manu et Kris, car c’est un village où l’on entre sans payer un droit d’entrée et j’espère pouvoir discuter avec ces femmes. J’ai été assez bouleversée par ma 1ère visite et cette fois en discutant avec l’une d’elles notamment, j’en ai appris un peu plus . Les Kayan Lahwi, ce sont des refugiés de Birmanie réellement persécutées dans leur pays d origine, leur statut en Thaïlande est fortement critiquable; Nous traversons des paysages magnifiques sur notre chemin.
Sans la nationalité thaï pour un certain nombre d entre elles, il leur est impossible d acheter du terrain, leur déplacement est tout de même limité a Mae Hong Son dans le meilleur des cas. Elles sont parquées dans 3 camps relativement faciles à trouver pour un touriste. Elles se sont retrouvées malgré elles mais finalement aussi avec profit au rang de curiosité touristique mondialement connue .
Il règne dans ces camps très photogéniques une ambiance à la foi résignée, décadente, opportuniste, j’ m’enfoutiste, et débrouillarde avec les moyens du bord.
Elles ne manquent pourtant pas de gentillesse, et de curiosité vis a vis des touristes, et pour certaines le programme de scolarisation dans l’ école du camp, " le vrai, celui de 30 000 personnes" , leur permet de tenir une excellente conversation dans plusieurs langues, y compris l espagnol et le français, Finalement tout le monde tire profit de cette fameuse spirale du désespoir et de la providence.
Il leur est interdit de retraverser la frontière sous peine d’être violées et assassinées.
Les autorités birmanes vouent un immense mépris pour les kayans qu ils surnomment padaung, terme péjoratif qui signifie sauvage.
L’ administration thaï donne 1500 baths par mois à chacune d entre elles pour le port de cette fameuse spirale qui n’ allonge pas le cou, mais écrase d une façon irréversible la cage thoracique.
Par conséquent la jeune génération, qui possède pas mal d’éléments en vue d une intégration réussie, et qui n est plus concernée par la fameuse tradition, se retrouve à porter cette spirale uniquement pour des raisons mercantiles, soit 30 euros par mois.
Les répercutions sont pour le moins désolantes, la communauté s’ ennuie à mourir, les hommes sont presque totalement absents puisqu’ ils n ont pas un visuel "intéressant" etc...
Il est parfois demande aux touristes un droit d entre frauduleux de 250 baths servant à financer un obscur fond de libération armée pour l’état kayan
bof ……
A la saison chaude, correspondant à la saison faiblement touristique, un certain nombre d entre elles retirent une partie de cette spirale, histoire de respirer un peu. Les enfants sont bien souvent maquillés à outrance, mais finalement le pire dans ce ghetto du n importe quoi, c est que les réfugiés sans spirale, ceux de l’ extrême misère qui portent les charges avec leur front, qui travaillent dans les rizières près du camps pour un salaire de 70 baths par jour(2 euros), et que l’on peut voir en fin de journée rentrer dans le camp principal, ceux là, dis je, finissent par envier le sort des kayan lahwi.
Personnellement je n ai jamais rien vu de plus misérable en Thaïlande, avec aussi les dortoirs des ouvrières birmanes des usines sino-thailandaises de Mae Sot .
Cette fois je n’ai pas été tentée de prendre plusieurs photos, mais davantage à leur écoute.
Nous leur avons acheté quelques objets qu'ils fabriquent tout en les remerciant d'avoir été si présents avec nous.
Puis nous avons repris nos montures et avons poursuivi notre chemin, tout en nous arrêtant en chemin apprécier une boisson fraiche et échanger nos sentiments sur ce que nous venions de vivre.
Nous avons traversé d'autres lieux, faits de'autres rencontres...
Puis nous allons à Mae Aw, sommet d'une montagne frontière du Myanmar . Rempli de combattants rebelles vieux, c'est maintenant un endroit tranquille avec des gens qui vaquent à leurs occupations, mais le paysage sur le chemin ici, et dans la ville elle-même, est magnifique.
Pui nous rencontrons M. Hilary qui nous explique le processus de la fabrication du café , de la cueillette des haricots à la torréfaction et la mouture. Il y a une salle de torréfaction où les visiteurs peuvent torréfier et moudre leurs grains propres. Pour remplacer la culture de l’opium, l'aide du Projet Royal, a fourni l’arabica et a transformé ce village. Bien que certaines personnes regrettent les "belles fleurs" de la culture de l'opium, la plupart voient le projet de remplacement des cultures comme un succès.
Tout autour le paysage est somptueux , avec des paysages à couper le souffle. La ville se trouve sur le bord d'un grand réservoir et les visages et les signes sont très chinois.
Il ya un chemin de terre à la sortie du village qui rejoint la frontière birmane, nous tentons de le prendre, bien qu’ on nous l’ait déconseillé car de temps en temps il ya des combats le long de la frontière , mais nous devons rebrousser chemin devant les fusils de l’armée birmane pointé sur nous. Nous nous exécutons sans discussion……et rebroussons chemin, manu militari. On ne les énerve surtout pas…..et on ne les prend pas en photos surtout....!!!!
Bien sûr , au retour, nous n’avons pas oublié un petit tour par le Wat Phrathat Doi Kong Mu, au sommet d’une colline à l’Ouest de la ville. Le temple se distingue par ses deux Chedis de style birmans, le plus large construit en 1860 et le plus petit en 1874.
Le site domine aussi une superbe vue panoramique de Mae Hong Son et des collines environnantes.
Wat Phra Non, situé au pied de Doi Kong Mu abrite une statue de Bouddha couché, de 12 mètres de long fondue dans le style Thai Yai (Shan) en 1875. On peut noter les deux grands lions sculptés se tenant côte à côte, et gardant l’accès au Doi Kong Mu.
Quelle délicieuse journée avec des jeunes très sympas, très curieux, très intéressants, ça fait du bien, je me suis bien amusée avec eux, j’avais l’impression moi aussi d’avoir 30 ans…..
Nouveau trajet en minibus pour rejoindre Mae Sot.
Je m’arrête à Mae Sot, poste frontière officiel vers la Birmanie car je dois faire une prolongation de mon visa. Je choisis une guest house, environnement très sympa d’ailleurs, qui accueillent de nombreux humanitaires qui travaillent auprès des réfugiés birmans. Des petites chambres pas chères, très bien et individuelles. Très vite je fais la connaissance de plusieurs personnes qui oeuvrent ici pour aider les birmans et notamment Thierry et sa femme Thérèse qui sont ici pour un an. J’en apprendrais beaucoup sur la condition des réfugiés birmans, car si Thierry , directeur de son ONG est peu disponible, par contre j’ai passé beaucoup de temps avec sa femme Thérèse.
Dès le lendemain de notre arrivée, je vais donc régler mon problème de passeport. En effet à Mae Sot on a la possibilité quelques fois de s’il n’y a pas de combats de passer pour une journée en Birmanie. Aucun problème pour les formalités, je sors de Thailande en traversant le pont de l'amitié ( c’est pas une blague, c’est le vrai nom…) reliant la Thaïlande à Myanmar et rentre en Birmanie de la même manière, mais il me faut laisser mon passeport et 500 Bath (environ 12 euros) et repasser avant 17h si je ne veux pas avoir d’ennui. Quitte à être en Birmanie, j’ai envie de profiter de ma journée. Je suis resté dans Myawaddy, juste pour quelques heures, je trouve un petit marché de vente d’articles adidas….. faux, des gargottes qui servent à manger, de pauvres cabanes en bois sur les routes , une école, un wat, un hôtel de premier ordre , beaucoup de pauvres gens.
Puis je m’aventure ver le marché , prends des ruelles qui deviennent de plus en plus étroites et sombres, des odeurs nauséabondes m’envahissent et au détour d’une cabane je tombe sur un passage qui donne accès à un bidonville. Les familles pauvres y ont fait des baraques avec des tôles, des bouts de plastiques, des femmes sont là assises par terre, des enfants pieds nus courent dans ces ruelles . J’essaie de prendre en cachette quelques photos, mais devant tant de misère je suis mal à l’aise et très gênée, mais une femme m’ayant vu prendre une photo me sourit et me demande de lui montrer la photo. Aussitôt des enfants accourent et posent pour que je les prenne en photo, je leur montre les photos sur l’écran de mon appareil, ils rient aux éclats, ils sont tout excités. A mon avis peu de touristes s’aventurent dans leurs ghettos.
Quelques éléments de mes discussions avec les humanitaires qui œuvrent dans les camps ou auprès des migrants.
Ils sont ici comme des milliers de demandeurs d'emploi de toute la Birmanie, ils ont vu leurs espoirs de trouver du travail dans la Thaïlande voisine se dissoudre, un grand nombre languit dans la ville frontalière de Myawaddy. Beaucoup d’entre eux ont payé des frais élevés pour les agents en échange de garanties d'emplois à travers la frontière .
Beaucoup d’entre eux ont été transportés à Myawaddy par des courtiers locaux. Ils ont donné beaucoup d'argent pour en arriver là, et ils ont peur que leur argent soit perdu à jamais si ils partent, c'est pourquoi ils restent.
Certains de ces travailleurs ne peuvent même pas se permettre de se nourrir, beaucoup ont vendu tous leurs biens ou pris à des taux d'intérêt élevé des prêts pour financer leur recherche d'un emploi rémunéré dans la plus prospère Thaïlande.
Il était difficile de comprendre pourquoi tant de travailleurs n'ont pas réussi à trouver un emploi en Thaïlande, qui est l'hôte de deux millions de travailleurs migrants en provenance de Birmanie, la plupart d'entre eux non enregistré.
La Thaïlande présente aux réfugiés birmans un choix inique, entre croupir pendant des années dans des camps situés dans des zones isolées et travailler hors de ces camps sans aucune protection contre une éventuelle arrestation suivie d'expulsion
Les Birmans qui se trouvent en dehors des camps sont passibles d'arrestation et d'expulsion immédiate, à moins qu'ils se présentent non pas comme des réfugiés mais comme des travailleurs migrants et se soumettent à des procédures coûteuses, difficiles et souvent entachées de corruption, pour obtenir le statut de travailleur migrant. Les travailleurs migrants légalement reconnus reçoivent un visa de séjour de deux ans, renouvelable une fois, à l'expiration duquel ils doivent regagner leur pays d'origine. Cette obligation de retour au pays a pour effet de décourager les réfugiés de demander le statut de travailleur migrant.
La Thaïlande attend de voir comment la si tuation va évoluer en Birmanie et ne semble pas insister en faveur d'un retour précipité des réfugiés birmans dans leur pays .
La plupart des camps se trouvent dans des régions montagneuses isolées, accessibles uniquement par des chemins de terre. Certains sont surpeuplés et les moyens de subsistance de base, tels que la nourriture et les tentes, ont été réduits du fait que les bailleurs de fonds internationaux ont reporté leur attention sur des programmes d'aide à l'intérieur de la Birmanie. L'isolement des camps a facilité les abus de pouvoir et l'impunité pour les auteurs de violations des droits humains, y compris pour des responsables thaïs dont le mandat est de protéger les réfugiés.
La peur, l'incertitude et un sentiment d'impuissance contribuent à l'adoption par les réfugiés des camps d'une attitude fataliste quand il s'agit d'approcher la police et d'autres responsables de la sécurité pour réclamer justice.
Parmi les résidents des camps les plus éduqués et les plus qualifiés, beaucoup – dont de nombreux enseignants et personnels de santé – ont émigré dans des pays extérieurs à la région, en conséquence de quoi la population restée dans les camps se retrouve avec un réseau d'entraide sociale diminué et des capacités réduites pour faire face aux difficultés. Au bout de tant d'années passées sous un régime de restriction de circulation et de dépendance de l'aide extérieure, de nombreux résidents des camps subissent des violences familiales, souffrent de dépression et d'autres problèmes sociaux et psychologiques.
Les ressortissants birmans arrêtés en dehors des camps ne passent d'ordinaire qu'entre quelques jours et une semaine dans les Centre de détention pour immigrants, avant d'être expulsés ou libérés Des migrants sans moyens financiers ou des réfugiés qui ne veulent pas retourner dans leur pays de crainte d'y être persécutés peuvent passer très longtemps – parfois des années – dans les Centres de détention pour immigrants, même s'ils n'ont pas été condamnés à une détention de longue durée.